Tribune de Genève, juillet 2013
«Le stand terroir des Fêtes de Genève, c’est sympa. Tu peux y manger des cheeseburgers ou des cervelas 100% genevois. Pareil pour les vins. Par contre, quand tu demandes une bière: c’est Heineken ou Heineken!» Laurent Papinot préfère en rire. Cette année encore, sa Calvinus ne coulera pas à flots sur les Fêtes de Genève. Et pour cause, depuis maintenant dix ans, le géant hollandais de la bière bénéficie d’un contrat d’exclusivité avec la manifestation genevoise.
Vins de la région
Surprenant quand on sait que Genève Tourisme, en charge de l’organisation des Fêtes, profite de l’occasion pour mettre en avant les produits régionaux, à commencer par le vin. Tous les débits d’alcool associés aux festivités ont pour obligation de servir des crus de la région. «Nous avons même une sélection officielle définie au printemps par un groupe de spécialistes, rappelle Laetitia Lambert, coordinatrice générale de l’événement. L’Office de promotion des produits agricoles de Genève (Opage) fait partie de nos partenaires.»
Pour la bière, en revanche, c’est une autre histoire. Les quelque quatre millions de francs que coûtent les Fêtes de Genève sont intégralement autofinancés. Genève Tourisme compte donc sur le sponsoring et Heineken est un partenaire privilégié de l’événement. «L’entreprise nous aide financièrement, mais aussi au niveau de la logistique. Les débits sont importants. Il faut donc fournir un effort très lourd en terme de matériel. Heineken en a les moyens» explique la coordinatrice.
Parés pour l’été
Du côté des brasseurs artisanaux de Genève, on regrette l’exclusivité accordée au géant hollandais. «Les Fêtes de Genève? On y pense bien sûr. Mais on ne se fait pas d’illusion. Heineken ne fait pas de cadeaux, lâche dans un soupir Nathalie Droz de la Brasserie des Murailles, à Meinier. C’est dommage, nous sommes de plus en plus parés à affronter ce genre d’événements.» Avec deux nouvelles cuves de stockage cette année, mais aussi deux employés supplémentaires durant l’été, Nathalie Droz se donne les moyens d’affronter une plus forte demande.
Pour Fabien Claret, de la Brasserie du père Jakob, à Soral, les brasseries artisanales n’ont pas vocation à prendre la place d’Heineken. Elles n’en ont tout simplement pas les moyens. En revanche, il verrait d’un bon œil l’obtention de dérogations pour un, deux voire trois stands. «Nous sommes des passionnés de bières. Nous demandons juste plus de diversité pour ce produit à Genève.»
Pour Laetitia Lambert de Genève Tourisme «la question des dérogations n’est pas à l’ordre du jour». Du côté de chez Calvinus, Laurent Papinot émet l’idée d’une alliance entre les brasseurs artisanaux: «Nous sommes d’accord, ce monopole ne peut pas durer!»
(TDG)
Créé: 26.07.2013, 12h31
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